Filles de la déesse du Soleil

Le grand mystère des impératrices du Japon

En visite d'État au Royaume-Uni, l'empereur Naruhito et son épouse, Masako, ont été accueillis à Londres par le roi Charles III et la reine Camilla.

Nous vous proposons de faire à votre tour un grand voyage, en embarquant pour le Japon.

Dans les histoires que nous allons vous raconter, il sera question d'impératrices entourées de silences implacables, d'une déesse, de l'amour qui sauve de tout. Mais aussi d’un miroir qui aurait inondé la Terre de lumière, de joyaux venus du fond des âges et d'une dynastie qui pourrait bientôt se retrouver en panne d'héritiers.

Merci d’avoir choisi marguerite.

C’est parti…

Pour bien démarrer

🏵️ Le chrysanthème. Au XIIe siècle, l’empereur Go-Toba choisit cette fleur pour emblème. Initialement importé de Chine pour ses vertus médicinales, le chrysanthème (kiku, en japonais) devient dès lors indissociable du trône impérial. Sa forme à seize pétales doubles figure aujourd’hui encore sur le sceau du souverain.

☀️ Amaterasu, la déesse du Soleil, aurait, à l’aube des temps, fait descendre sur Terre son petit-fils, Ninigi, pour que lui et ses descendants règnent à tout jamais sur le Japon. Une légende fondatrice destinée à donner à la dynastie une origine divine.

💎 Le Miroir, le Joyau et l’Épée. Insignes du pouvoir impérial, ces trois « Trésors sacrés » ont tous un lien avec Amaterasu. Les deux premiers auraient été utilisés pour décider la déesse du Soleil à sortir de la caverne céleste dans laquelle elle s’était retirée, et sortir ainsi le monde de l’obscurité. L’Épée, elle, lui aurait été offerte après avoir été découverte dans la queue d’un serpent. Il est interdit d’ouvrir les coffrets qui les renferment. L’empereur lui-même ne sait pas à quoi ils ressemblent.

⛩️ Le Kunaicho. C’est le nom de l’Agence de la Maison impériale, dont les membres contrôlent le quotidien officiel et privé du monarque et de ses proches. Aujourd’hui encore, impossible pour ces derniers de sortir du palais, de recevoir des amis, de voyager ou même de prendre la parole en public sans avoir obtenu au préalable l’autorisation de ces fonctionnaires pointilleux.

Masako

La fin de l’éternel chagrin

Naruhito et Masako, accompagnés des membres de la famille impériale, à la traditionnelle réception du Nouvel An, le 1er janvier 2024.

L'impératrice est arrivée en Grande-Bretagne précédée par son histoire, celle d'une ancienne diplomate entrée il y a un peu plus de trente ans, et après bien des hésitations, dans la dynastie régnante la plus exigeante et la plus fermée au monde.

Une image de princesse recluse qui commence à se dissiper

On vous a déjà sans doute raconté comment Masako Owada avait tenté, de 1986 à 1993, de décourager les sentiments que le prince Naruhito avait pour elle ; le fait que, dans sa famille, on a été trop bien élevé pour contrarier indéfiniment l'héritier du trône du Chrysanthème. Ou encore les interdits et les contraintes exercés ensuite sur la jeune femme pour faire d'elle une altesse parfaite – en tout cas celle dont les fonctionnaires de l'Agence de la Maison impériale rêvaient. Longtemps dépressive, absente de la scène officielle pendant des années, Masako a fini par entrer dans une forme de légende. Mais son image de princesse recluse et triste commence, enfin, à se dissiper.

L'impératrice Masako lors des cérémonies d’intronisation de son époux, l’empereur Naruhito, le 14 novembre 2019.

Une femme et un homme ordinaires

À l'époque de leurs fiançailles, mademoiselle Owada et son futur époux se présentent à leurs compatriotes comme une femme et un homme ordinaires, liés par un amour sincère. Masako a vécu à Moscou, à New York et à Boston, elle est diplômée de l'université américaine de Harvard et a étudié à Oxford, en Angleterre. Une partie des Japonaises déplore alors qu'elle troque une carrière prometteuse, et une indépendance chèrement gagnée, contre un rôle de représentation où toute forme de liberté de parole et d'action va lui être interdite. D'autres saluent au contraire l'ère nouvelle qui paraît s'ouvrir pour la famille impériale. Croyant, à tort, que celle-ci est prête pour un choc de modernité.

Donner à tout prix naissance à un garçon

Entraînée à coup d'heures interminables de calligraphie, de poésie et de leçons sur les rituels religieux qui incombent aux descendants de la déesse du Soleil, la princesse apprend à se vêtir de couleurs neutres, à marcher à pas serrés, à ne pas s'exprimer autrement qu'en ayant recours à des platitudes, à ne (quasiment) rien posséder en son nom propre, à ne plus voir sa famille ou se rendre à un concert sans y avoir d'abord été autorisée. Elle se prépare aussi à devenir une ryôsai kenbo, une bonne épouse et une mère avisée. Tout au long des années qui suivent son mariage, Masako voyage peu et le bruit court que le Kunaicho l'empêchera de sortir du Japon tant qu'elle n'aura pas donné naissance à un garçon (dans l'archipel, les femmes n'ont pas le droit de régner). Victime d'une fausse couche en 1999, elle devient maman d'une petite fille, Aiko, en décembre 2001.

PHOTO 1 : La princesse Masako en 2013. PHOTO 2 : Le couple héritier le 9 juin 1993, jour de son mariage. PHOTO 3 : À la sortie de la maternité après la naissance d’Aiko, le 1er décembre 2001. PHOTO 4 : Masako et sa fille, en 2004. PHOTO 5 : En 2017, les époux accompagnent Aiko à la cérémonie de remise de diplômes de son école. PHOTO 6 : Avec les victimes du tsunami qui a frappé la ville de Yamamoto, en 2011.

À sa manière, elle est déjà emblématique des difficultés que rencontrent les Japonaises dans une société dominée par les hommes. Et alors qu'on la croit trop fragile pour parvenir à changer le cours des événements, c'est justement sa vulnérabilité qui va forcer l’Agence de la Maison impériale à desserrer l'étau. En mai 2004, Naruhito rompt la tradition de silence des princes de sa famille et accuse le Kunaicho d'avoir « nié la carrière et la personnalité » de son épouse. « Ces dix dernières années, ajoute-t-il, elle a essayé de toutes ses forces de s'adapter et cela l'a totalement épuisée. » Peu après, le palais confirme que Masako souffre de dépression, de stress et de crises d'angoisse. Désormais, plus personne ne pourra ignorer les sacrifices consentis, de tout temps, par les femmes de la lignée.

La jeune femme retrouve confiance

La convalescence de la princesse s’annonce longue. En 2013, elle effectue un déplacement à l'étranger, le premier depuis onze ans, pour assister aux cérémonies d'intronisation du roi Willem-Alexander des Pays-Bas. Naruhito, lui, succède à son père en 2019, et son accession fait alors naître de nouvelles craintes pour Masako. Mais la nouvelle impératrice a retrouvé confiance, suffisamment en tout cas pour renouer peu à peu avec la scène officielle. Aujourd’hui encore, sa guérison n’est pas totalement achevée. Le programme de son séjour en Angleterre a d’ailleurs été aménagé, nous dit-on, pour tenir compte de son état de santé.

🎈 Le saviez-vous ? Masako parle cinq langues, dont le français couramment. Elle l’a notamment étudié au Centre universitaire d’Études françaises de l’université Grenoble Alpes, en 1983.

Dress code

Masako vêtue du junihitoe et les cheveux attachés en osuberakashi, une coiffure adoptée par les femmes de l’ancienne aristocratie japonaise.

Le junihitoe est porté par l’impératrice le jour de son mariage et (ci-contre) de l’intronisation de son époux. Le nom évoque la superposition de 12 vêtements féminins – il peut en réalité y en avoir davantage – adoptée à la cour du Japon entre le IXe et le XIIe siècles. L’agencement et les couleurs de ces vêtements, qui sont tous en soie, reflètent le rang de la personne qui les porte et font souvent référence à la nature et à la saison en cours, selon une symbolique ancienne. Dans sa version la plus élaborée, le junihitoe peut peser jusqu’à 20 kilos.

L’album photos

PHOTO 1 : Charles III, l’empereur Naruhito, la reine Camilla et l’impératrice Masako au palais de Buckingham, le 25 juin 2024. PHOTO 2 : Le prince Charles au Japon, en 1970, avec le jeune Naruhito et ses parents, le prince Akihito et la princesse Michiko. PHOTO 3 : Le prince Philip fait découvrir le domaine royal de Balmoral à Naruhito, au milieu des années 1980. PHOTO 4 : Masako Owada, alors étudiante à Oxford, en 1988. PHOTO 5 : Le prince Naruhito au château de Windsor en compagnie de la reine Elizabeth II et du prince Philip, en mai 2001. PHOTO 6 : En 2008, le prince Naruhito, Camilla, duchesse de Cornouailles, le prince Charles et la princesse Masako au palais impérial de Tokyo. PHOTO 7 : Naruhito accueille le prince William dans la capitale japonaise, en 2015.

Se souvenir des belles choses. Avant son départ pour l’Angleterre, Naruhito du Japon a révélé avoir toujours été accueilli par Elizabeth II et le prince Philip comme s’il était « un membre de leur famille ». Au cours de son séjour, il ira, avec son épouse, déposer des fleurs sur la tombe de la reine et de son époux, dans la chapelle St George du château de Windsor.

L’empereur a étudié à Oxford entre 1983 et 1985 – des années marquées par un sentiment de liberté qu’il n’avait jamais connu dans son propre pays. Masako et lui profiteront donc de leur visite d’État pour retourner, ensemble, à titre privé, dans cette université où ils ont vécu l’un et l’autre des jours heureux.

Les liens entre le couple impérial, le roi Charles III et la reine Camilla étant anciens et très amicaux, le voyage dans son ensemble devrait donc avoir, en dépit de son caractère officiel, un parfum de retrouvailles…

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On vous raconte

Michiko, l’impératrice qui (elle aussi) avait voulu tout changer

La princesse Michiko dans sa cuisine, en octobre 1961, quelques jours avant son 27e anniversaire.

🎎 Vous souvenez-vous de Michiko ? En avril 1959, la belle mère de Masako jette déjà un nom nouveau dans l'histoire de la monarchie japonaise en épousant Akihito, l'héritier du trône. Michiko Shoda a vingt-quatre ans, un visage très fin et des traits sur lesquels semblent toujours s'attarder le soleil et les regards. Elle est aussi roturière. Et confrontée depuis des mois à l'hostilité des fonctionnaires du Kunaicho, qui ont tout fait pour dissuader le prince de la prendre pour femme.

🏸 Le destin s'est pourtant donné beaucoup de mal pour qu'ils se rencontrent. Le couple a fait connaissance sur un terrain de tennis deux ans plus tôt. S'il fallait dresser un portrait rapide d'Akihito à l'époque, il faudrait évoquer sa séparation d'avec ses parents alors qu'il n'avait qu'une semaine, ses journées plantées de conseillers et de chambellans. Le fait que dans la grande maison du Chrysanthème les futurs empereurs grandissent toujours seuls et privés d'affection, c'est la règle.

👒 Michiko, elle, est la fille d'un homme d'affaires connu et fortuné, elle a reçu la meilleure éducation possible, a vécu entourée des siens et n'a pas pu s'empêcher de pleurer lorsque le prince lui a dit qu'il ne voulait pas mourir avant d'avoir connu les joies d'une vraie famille. Ses fiançailles ont provoqué un engouement populaire sans précédent, la création de magazines qui lui sont entièrement dédiés. Au Japon, toutes les jeunes filles de sa génération rêvent maintenant de lui ressembler. Elle entre toutefois dans la légende impériale en n'étant sûre de rien.

🏰 Le silence qui va maintenant entourer son quotidien est l'un de ces silences comme on en faisait autrefois, un silence impossible à briser. La naissance de Michiko Shoda est effacée des registres de l'état-civil, elle n'a officiellement plus de nom de famille, plus de papiers d'identité. Elle est aussi empêchée de voir ses parents et ses frères et sœur – on dit que sa mère erre de temps en temps devant les grilles qui ferment l'entrée du palais, à Tokyo, en espérant l'apercevoir. Les Japonais se demandent s'ils ont bien fait de croire au conte de fées, celui qui devait enfin donner à leur famille impériale quelque chose de démocratique, quelque chose de proche.

PHOTO 1 : Michiko et le prince Akihito en décembre 1958, dans un club de tennis de Tokyo. PHOTO 2 : Le couple en voyage officiel aux Philippines, en 1962. PHOTO 3 : En décembre 1969, entourée par son mari et ses fils, Naruhito et Fumihito, Michiko tient dans ses bras Sayako, sa dernière-née. PHOTO 4 : Avec Elizabeth II au palais de Buckingham, le 29 mai 2007. PHOTO 5 : L’impératrice donne un récital, en 2010. PHOTO 6 : Promenade en bord de mer, en 2005.

🤱🏻 Mais avec la naissance de Naruhito (prénom qui signifie « grande vertu »), le 23 février 1960, Michiko redevient la femme espérée. Pour la première fois dans l'histoire de la dynastie, une future impératrice exige – et obtient – d'avoir la garde de son enfant et de l'élever comme bon lui semble. Elle a étudié les livres du pédiatre américain Benjamin Spock, allaite « bébé Naru », fait installer une cuisine au palais du Togu, la résidence des princes héritiers. Les photographies qui la montrent affairée à préparer le repas de son fils confortent les Japonais dans l'idée que la famille impériale n'est finalement pas si différente de la leur. Publié à l'intention du grand public, le petit recueil d'observations et de conseils d'éducation qu'elle a compilé devient aussitôt un best-seller.

🎶 Passionnée de musique et concertiste à ses heures, douée pour la poésie et auteure de livres pour enfants, l'épouse d'Akihito est celle qui, en apparence du moins, réussit à faire bouger une maison impériale habituée à vivre toutes portes fermées. Michiko participe activement à la vie publique, accompagne son mari dans ses voyages à l'étranger et installe dans les esprits l'image d'une femme active, résolue à poursuivre une mission de service de ses compatriotes. Grâce à elle, la relation entre les Japonais et la monarchie change.

🌊 Tout cela aura pourtant un prix. En butte à l'animosité de sa belle-mère, qui ne lui pardonne ni ses origines roturières ni sa notoriété, et constamment rappelée à son devoir d'effacement par les hommes en noir du Kunaicho, Michiko souffre d'épisodes dépressifs. Le 20 octobre 1993, jour de son 59e anniversaire, elle s'effondre, victime d'un malaise, et perd l'usage de la parole pendant plusieurs mois. Akihito a alors accédé au trône depuis un peu plus de quatre ans.

🎭 La nouvelle modernité de la famille impériale s'est en partie retournée contre elle. La presse de l'archipel se maintenant fait l'écho de toutes sortes de rumeurs sur le caractère de Michiko, ses dépenses, l'autorité qu'elle exercerait sur son époux. Dans une société qui n'en finit plus de s'interroger sur la place des femmes, une partie de l'opinion lui reproche maintenant ce pour quoi elle l’avait adulée au départ : sa capacité à incarner un début de changement…

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Parler d’amour… ou pas

Lorsque le prince Naruhito révèle qu'il a promis à Masako de la protéger et de veiller sur elle sa vie entière, il est le premier membre de sa famille à exprimer au grand jour les sentiments qu'il éprouve. On est alors en 1993, et pour la première fois dans l'histoire de la dynastie un mariage impérial n'est plus présenté comme un mariage arrangé.

À la cour du Japon, l'absence d'amour était en effet considérée depuis toujours comme la condition numéro un de la légitimité d'un couple héritier*. Supposément d'origine divine et symbole de toute une nation, un empereur ne pouvait officiellement ressentir des émotions – autrement, rien ne l'aurait distingué d'un homme comme les autres.

En 1959, le principal conseiller d'Akihito avait été convoqué devant le Parlement pour répondre aux questions inquiètes d'une partie de la classe politique japonaise, déstabilisée par l'empressement du prince à épouser Michiko. Il avait dû défendre la respectabilité du mariage à venir, en expliquant que l'Agence de la Maison impériale avait préféré mademoiselle Shoda à toutes les autres candidates bien avant qu'Akihito ne commence à l'aimer.

La légende

Suiko a été la première impératrice à régner sur l’archipel, de l’an 592 à l’an 628, une époque où les femmes occupaient un rôle important au sein de la société japonaise.

Celle de Suiko, la première impératrice régnante. En l’an 592, après qu’une lutte entre clans rivaux a privé la famille régnante de plusieurs de ses héritiers mâles, la veuve de l’empereur Bidatsu accepte de monter sur le trône du Japon. Elle devient, à trente-neuf ans, la première femme dans l’histoire des nations de l’est de l’Asie à être couronnée impératrice. Au cours de son règne, Suiko va accorder à la pratique du bouddhisme une reconnaissance officielle et développer des contacts avec la Chine qui favoriseront l’émergence d’une nouvelle méritocratie dans l’archipel. Après elle, elles seront sept à régner sur le Japon. Un tout petit nombre au regard des 126 monarques que compte aujourd’hui la lignée des enfants de la déesse du Soleil.

Ce qui fait débat

Aiko, la femme qui pourrait un jour régner sur le Japon ?

La princesse Aiko, vingt-deux ans, se rend au 89e anniversaire de sa grand-mère, l’impératrice émérite Michiko, le 20 octobre 2023.

On vous explique. Réécrite en 1889 puis en 1947, la loi de la Maison impériale, celle qui décide notamment de l'ordre d'accession au trône, interdit aujourd'hui aux femmes de régner sur le Japon. Ne peuvent succéder à l'empereur actuel que les princes qui sont les descendants directs de l'empereur Taisho (décédé en 1926) par leur père et leur grand-père. C'est à dire que les femmes ne sont pas non plus en capacité de transmettre un quelconque droit à l'héritage impérial.

Une fois qu'on a dit ça. On se rend compte à quel point la loi actuelle est en contradiction avec l'histoire même de la dynastie. D'abord parce que la lignée des souverains japonais a été fondée par une déesse – celle du Soleil. Ensuite, parce qu'au cours de l'histoire huit femmes ont régné sur l'archipel, ce qui fait de la monarchie nippone la plus féminine au monde.

Alors, qui est la princesse Aiko ? Aiko est la fille unique de l'empereur Naruhito et de son épouse, l'impératrice Masako. Elle est âgée de vingt-deux ans, diplômée de littérature japonaise, et a été engagée il y a peu par la Croix-Rouge, où elle travaille au sein du département en charge du recrutement des bénévoles de l'organisation, à Tokyo. Depuis quelques mois, la jeune femme a commencé à effectuer quelques engagements officiels en solo. Mais, si rien ne change, le trône du Chrysanthème reviendra, après la disparition de son père, à son oncle, puis à son cousin germain.

Ce manga, publié en 2023, imagine la vie d’Aiko en tant qu’impératrice du Japon.

Où est le problème ? Plus de 80 % des Japonais se disent en faveur du rétablissement de l’égalité des droits entre hommes et femmes au sein de la dynastie. En outre, à force de rendre de plus en plus restrictives les conditions de la succession, le trône du Japon n'aura peut-être bientôt plus d'héritier du tout. Depuis 1965, un seul garçon (le cousin germain d’Aiko, aujourd’hui âgé de dix-sept ans) est en effet né au sein de la famille impériale.

Ce qui bouge. Ces dernières années, plusieurs Premiers Ministres japonais ont créé des commissions, relancé le débat, essayé de créer des conditions propices à une révision de la Loi de la Maison impériale qui permettrait à l'enfant premier-né d’un empereur, quel que soit son sexe, d'accéder au trône. L'actuel chef du gouvernement, Kishida Fumio, s'est prononcé en faveur d'une réforme en octobre dernier. Un courant d'opinion s'est créé, « Faire d'Aiko l'héritière impériale », auquel se sont joints des politiques, des chercheurs et des universitaires.

Ce qui ne bouge pas. Très actif et bien organisé, le courant conservateur qui irrigue la société japonaise continue de faire pression sur la classe politique, notamment sur le Parlement, pour que rien ne change. Et à la fin, en tout cas jusqu'ici, c'est toujours lui qui gagne.


💬 Que faut-il souhaiter à Aiko ? Nous serions heureuses de connaître votre avis, écrivez-nous en répondant simplement à ce mail ou en cliquant ici. Avec votre accord, nous publierons vos commentaires.

Quelques infos à emporter

🇯🇵 Si vous habitez Paris et si vous souhaitez découvrir la langue, la cuisine et les arts du Japon, nous vous conseillons l’Association culturelle franco-japonaise de TENRI. Et d’aller faire un tour chez Kymonoya, le plus ancien magasin d’artisanat japonais traditionnel de la capitale.

📚 Écrit vers l’an 1000 par Murasaki Shikibu, dame de compagnie de l’impératrice Shoshi, le Dit du Genji, une des œuvres les plus célèbres de la littérature nippone, est disponible en français dans une version BD très réussie, chez Gallimard.

👘 Tous les secrets de l’art du costume traditionnel japonais sont à retrouver dans Les kimonos : introduction à leurs tissus et motifs, aux éditions NuiNui.

🌹Puisque nous vous savons nombreuses et nombreux à aimer les fleurs, nous ne pouvons pas terminer cette newsletter sans vous parler de celle du rosier rugueux, dont Masako a fait son emblème personnel. Un rosier disponible dans différentes couleurs ici.

Rendez-vous

Kate, son histoire : un grand récit inédit (5,50 €).

Vingt ans que Kate accompagne nos vies, que nous faisons route avec elle ; que son histoire se mêle à la nôtre. Conçu par l’équipe de Marguerite éditions, ce nouveau numéro hors-série du Parisien - Aujourd’hui en France raconte pour la première fois de manière vivante et accessible la vie et le parcours de la princesse la plus célèbre au monde depuis sa rencontre avec le prince William. Un grand moment de lecture et de découverte. Et la chronique d’un mariage qui continue de nourrir bien des rêves…

Vos questions

Mi-juin, la princesse de Galles a participé aux festivités du Trooping the Colour, l’anniversaire officiel du roi Charles III. Dans les jours qui ont suivi, marguerite a reçu plusieurs dizaines de courriels et voici les deux questions qui sont revenues le plus souvent dans vos messages :

« Kate est-elle de retour sur la scène officielle ? »

Au palais de Kensington, où travaillent les équipes du prince William et de son épouse, on insiste sur le fait que la récente participation de la jeune femme au Trooping the Colour n’annonce en aucun cas son retour à plein temps sur la scène publique. La princesse de Galles pourrait, au cours de l’été, assister à quelques événements sans que sa présence soit communiquée à l’avance.

« Que sait-on aujourd’hui de son état de santé ? »

La prudence du palais rejoint celle dont la jeune femme a fait preuve dans son dernier message en date, le 14 juin. Kate, qui souffre d’un cancer et dont la chimiothérapie préventive durera « encore quelques mois », fait « de bons progrès » mais dit aussi connaître « de bons et de mauvais jours », ceux où la fatigue due au traitement la contraint au repos. Elle n’est « pas encore tirée d’affaire », ajoute-t-elle, apprend « à être patiente », à vivre aussi avec une certaine forme d’« incertitude ». Et à accueillir « chaque jour comme il vient ».

📮 Si vous souhaitez écrire à la princesse de Galles pour lui adresser un message de soutien, vous pouvez le faire à l’adresse suivante : Her Royal Highness The Princess of Wales, Kensington Palace, London W8 4PU, United Kingdom.


💬 Vous avez une question ? N’hésitez pas à nous la poser en répondant simplement à ce mail ou en cliquant ici. 

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Alors nous serions heureuses que vous vous y abonniez et que vous la partagiez avec votre famille, vos amis, vos collègues, vos voisins, vos followers… Merci !

À bientôt !

La princesse de Galles au Trooping the Colour, le 15 juin, à Londres.

💌 Post-scriptum. Nous espérons que cette newsletter vous donnera envie de nous retrouver tous les mois. N’hésitez pas à nous faire un retour sur ce que vous aimez ou non, simplement en répondant à ce mail ou en cliquant ici.

*Source : Self and Other in Esteemed Status : The Changing Culture of the Japanese Royalty from Showa to Heisei, par Takie Sugiyama Lebra (The Journal of Japanese Studies, 1997).

📸 Crédits photos : Ouverture : Imperial Household Agency ; Masako, la fin de l’éternel chagrin : Newscom / Alamy, Jiji Press / Abaca, DR, Jiji Press / Abaca, Yasushi Arishima / Jiji Press / Abaca, Newscom / Alamy ; Dress code : Imperial Household Agency ; L’album photos : Keystone Press / Alamy, DR, Crown Prince Naruhito / Alamy, PA Images / Alamy, Anwar Hussein / Alamy, Arthur Edwards / The Sun / PA Images / Alamy ; L’impératrice Michiko : Newscom / Alamy, Anwar Hussein / Alamy ; Parler d’amour… ou pas : Imperial Household Agency ; La légende de Suiko : Pictures from History / CPA Media Pte Ltd / Alamy ; La princesse Aiko : Newscom / Alamy ; À bientôt ! : Avpics / Alamy.

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