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Jours de fêtes
Noël au palais et autres histoires de décembre
Cette année, le roi Charles III invite pour la première fois les enfants et les petits-enfants de son épouse, la reine Camilla, à passer Noël au château de Sandringham. Preuve qu’au sein de la famille la plus célèbre au monde, la royauté n’est désormais plus seule à cimenter les liens.
Parce que les fêtes dans les cours présentent certaines ressemblances avec les nôtres, marguerite vous invite à une rêverie rétrospective devant les sapins de Charlotte de Grande-Bretagne et les petits théâtres d’hiver du château de Windsor.
Ensemble, nous allons aussi découvrir le trésor des tables de la maison souveraine de Danemark et les heures gourmandes de la reine Victoria, la véritable histoire de l’arbre de Noël du palais princier de Monaco et les cérémonies sacrées du Nouvel An à la cour impériale du Japon. Nous retrouverons des images oubliées, nous parlerons de ce qui nous touche et nous rassemble.
Vous avez le programme.
C’est parti…
On vous raconte
Ce que le sapin de Noël doit à la reine Charlotte
Toutes sortes de légendes courent à son sujet – on dit de lui qu'il a été introduit en Angleterre par le prince Albert, l'époux de la reine Victoria, au milieu du XIXe siècle. Mais les Mémoires de lady Amelia Murray, une aristocrate britannique proche de la famille royale, nous racontent, eux, une toute autre histoire : celle des arbres couvert de petits paquets que la reine Charlotte faisait déjà installer pour Noël dans les appartements de sa suivante, Madame Berkendorff, à la fin du XVIIIe siècle. « Je me souviens, écrit lady Amelia, du plaisir que chacun avait à y chercher son nom, sûr qu'il était de le trouver attaché à un ou plusieurs cadeaux ravissants. »
Un arbre chargé de présents qui devient une tradition à la cour
Charlotte était née princesse de Mecklembourg-Strelitz, un duché du nord de l'Allemagne où, en fin d'année, il était habituel de décorer son intérieur de branches de sapin. Elle avait épousé le souverain George III de Grande-Bretagne en 1761 et était mère de 15 enfants. Conçu au départ comme une attention originale et pleine de promesses destinée à faire le bonheur de ses proches, son arbre aux présents devient une tradition à la cour.
Le premier sapin sera coupé dans le parc du château
Le 25 décembre 1800, dans sa résidence de Windsor, la reine donne une fête pour les enfants du voisinage. Les récits de l'époque décrivent un if géant aux branches chargées de friandises, d'amandes et de raisins enveloppés de papiers de couleur, et ployant sous les fruits, les bougies et les jouets. Quarante ans plus tard, le prince Albert, nostalgique des Noëls qu'il avait lui-même connus à Coburg, en Allemagne, dans son jeune âge, fait couper un premier sapin dans le parc du château de Windsor et le décore de rubans et de bonbons – il est alors papa depuis peu. Une nouvelle imagerie se crée autour des fêtes de la famille régnante, relayée par la presse populaire britannique. Bientôt, un peu partout en Europe, les arbres de Noël font leur entrée dans les foyers.
L’album photos
Vœux en famille
Photos : Éric Mathon / Palais princier ; Prince and Princess of Wales / John Shiner (par PA Photos / Abaca) ; Kungahuset.
Le prince Albert II, la princesse Charlène et leurs enfants, le prince Jacques et la princesse Gabriella, 9 ans, ont choisi pour accompagner leurs vœux de fin d’année ce portrait en famille réalisé au palais de Monaco. Le prince et la princesse de Galles posent avec le prince George, 10 ans, la princesse Charlotte, 8 ans, et le prince Louis, 5 ans, à Adelaide Cottage, la résidence proche du château de Windsor où ils ont emménagé il y a un peu plus d’un an. Victoria de Suède, le prince Daniel, la princesse Estelle, 11 ans, et le prince Oscar, 7 ans, sont, eux, filmés au palais de Stockholm.
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Le dromadaire et le pélican…
… et autres fables du Nouvel An à la cour de Grande-Bretagne
🛡️Quel choc ! Guillaume, duc de Normandie (à l'époque le plus puissant des nobles de France), conquiert l'Angleterre en 1066 et se fait couronner le 25 décembre à l'abbaye de Westminster. Pendant la cérémonie, ses chevaliers, convaincus qu'une révolte de la population se prépare, décident d'incendier les maisons alentour. Dans la panique, les invités du sacre se ruent hors de l'église. Laissant le nouveau roi un peu seul et « en proie à de violents tremblements ».
🐫 Quelle surprise ! Au Moyen-Âge, on avait l'habitude de distribuer les cadeaux de Noël le jour de l'An ou le jour des Rois. On ne lésinait pas, à l'époque, sur l'originalité et l'utilité des présents. En 1392, les citoyens de la ville de Londres font ainsi cadeau à Richard II… d'un dromadaire et d'un pélican.
🎉 Quelle pagaille ! Twelfth Night, la douzième nuit après Noël, a longtemps marqué officiellement la fin de la période des fêtes. On donne alors à la cour des réjouissances qui remettent en cause l'ordre social et les hiérarchies établies. Sous l'autorité d'un « Seigneur du désordre » les hommes s'habillent en femmes, les domestiques prennent la place de leurs maîtres et les fous se conduisent en monarques. Élisabeth Ire, qui n'avait aucun goût pour le chahut, finit, au XVIe siècle, par abolir cette tradition.
🎭 Quel décor ! Pour divertir les princesses Elizabeth et Margaret, mises à l’abri à Windsor dès le début de la Seconde Guerre mondiale, leur gouvernante, Marion Crawford, décide de monter de petits spectacles musicaux en costume dont elles seront toutes les deux les actrices principales. Les représentations ont pour cadre le salon Waterloo, dans l’enceinte même du château. Après Cendrillon à Noël 1941 suivront La Belle au bois dormant en 1942 et Aladin en 1943. Leurs parents assistent aux répétitions chaque fois qu’ils le peuvent. Le roi George VI ne détestant pas monter sur scène de temps à autre pour pousser lui-même un refrain.
👗 Quelle allure ! Les fêtes de fin d’année au château de Sandringham n’étaient pas vraiment synonyme de relâchement vestimentaire pour Elizabeth II, qui pouvait changer de tenue jusqu’à sept fois par jour. Angela Kelly, sa couturière, commençait à réfléchir dès l’automne à la robe que la souveraine porterait pour l’office religieux du 25 décembre.
Le podcast de marguerite
La princesse Elizabeth dans un rôle de ménestrel errant, en décembre 1941, au château de Windsor. | Jouer pour oublier la guerre…Dans l’épisode 3 de notre podcast Elizabeth II : le règne et l’intime, découvrez le quotidien de la future reine pendant la Seconde Guerre mondiale et l’histoire vraie de ses débuts sur une scène de théâtre. Vingt minutes passionnantes, illustrées par les archives de l’INA. |
Les clés de l’histoire
L’arbre de Noël du palais de Monaco
PHOTOS 1, 2 ET 3 (Georges Lukomski - Archives du palais de Monaco - IAM) : Distribution des cadeaux de Noël par les membres de la famille princière, au palais, en 1966 et vers 1970. Le prince Rainier III, la princesse Grace et leurs enfants, la princesse Caroline, le prince Albert et la princesse Stéphanie, en 1966. PHOTOS 4 ET 5 : Le prince Albert II et la princesse Gabriella, la princesse Charlène et le prince Jacques, lors de l’arbre de Noël du palais en 2022 (Éric Mathon / Palais princier).
Décembre 1939. Trois mois après le début de la Seconde Guerre mondiale, un grand hôtel de Monte-Carlo accueille les enfants, originaires de la Principauté ou non, qui ont été pris en charge par le Comité monégasque d'assistance et de secours. L’arbre de Noël est placé sous le patronage de la princesse Antoinette, la sœur du prince Rainier.
Le conflit s'installe, et dans ce temps noir l'initiative du comité va se répéter d'année en année. En 1942, le journal officiel de Monaco raconte ainsi une nouvelle distribution de friandises et de jouets, accompagnés d'une enveloppe de 100 francs, dans la cour des Petits quartiers, à l'entrée du palais.
Une après-midi récréative ouverte à tous les petits Monégasques
Le traditionnel arbre de Noël du palais n'est alors pas encore né, mais la princesse Antoinette a sans doute commencé à lui donner un visage avec celui qu’elle a organisé dans la résidence princière, en 1941, pour les enfants de la garderie. Son frère, Rainier III, accède au trône en mai 1949. Et c'est à l'initiative du souverain que les membres de la famille princière vont, en décembre 1951, assister dans la cour d'Honneur à une après-midi récréative ouverte à tous les petits Monégasques, comprenant goûter et remise de cadeaux.
Un arbre de Noël aura désormais lieu chaque année au palais. La princesse Grace y est présente pour la première fois en 1957. Elle est alors enceinte du prince Albert, son deuxième enfant.
✉️ Remerciements aux Archives du Palais princier.
Collector
Ce DVD produit par l’Institut audiovisuel de Monaco rassemble de très belles images d’archives (dont beaucoup étaient restées inédites), qui permettent de découvrir la vie et les engagements de la princesse Grace. Également disponibles sur le site de l’Institut audiovisuel, Rainier III par lui-même et L’invention de Monte-Carlo devraient ravir tout autant les passionnés d’histoire. |
Tout un art
Flora Danica, le trésor de la cour de Danemark
En 1790, le roi Christian VII commande à la Manufacture royale danoise de porcelaine « le plus spectaculaire service de table jamais vu ». Il a l’intention de l’offrir à Catherine II de Russie, dont il espère alors s’assurer le soutien politique. Mais à la mort de l’impératrice, en 1796, rien n’est prêt.
D’un raffinement inouï, le décor du service doit en effet reproduire les dessins réunis dans l’atlas de botanique Flora Danica, une somme encyclopédique de 51 volumes, fruit de 120 années de recherches, qui recense plus de 3 000 plantes endémiques du Danemark. Il faudra attendre 1802 pour que les 1 800 pièces de porcelaine, entièrement peintes à la main, sortent enfin des ateliers de la manufacture.
Aujourd’hui, la plupart d’entre elles sont exposées au château de Rosenborg et au palais Christian VII, à Copenhague. Il arrive (mais rarement) que les quelques 300 assiettes et plats mis à la disposition de la famille royale soient utilisés à l’occasion de réceptions officielles ou privées. Ce fut notamment le cas lors du dîner donné pour le jubilé d’Or de la reine Margrethe II, l’an dernier.
📍Le saviez-vous ? Un autre service Flora Danica, de 725 pièces, a été créé en 1863 lorsque la princesse Alexandra, fille du roi de Danemark Christian IX, a épousé le futur Edward VII de Grande-Bretagne. Douze nouvelles assiettes à dessert ont ensuite été offertes en 1947 à la princesse Elizabeth et au prince Philip (lui-même né prince de Grèce et de Danemark), à l’occasion de leur mariage.
À table
Les très riches heures de la reine Victoria
Le déjeuner de Noël servi en 1894 à Osborne, la résidence privée de la reine Victoria sur l’île de Wight, au sud de l’Angleterre, se compose de douze plats. Sans compter ceux disposés sur une table à part (la Side Table) – dont certains, c’est la tradition, ont été offerts par d’autres monarques européens. Les cuisines étant trop petites pour accueillir le chef du palais et toute sa brigade, les mets principaux ont été préparés au château de Windsor, puis acheminés sur place, par bateau, le 24 décembre. Et pas de gaspillage : les restes seront conservés et présentés… au Nouvel An.
📍Le saviez-vous ? Le français a longtemps été la langue de la gastronomie et de la diplomatie. À la cour de Grande-Bretagne, les menus sont rédigés dans notre langue depuis le règne des Tudor, au XVIe siècle. Le roi Charles III préfère quant à lui l’usage de l’anglais pour les dîners privés.
La recette
Le Dundee Cake d’Elizabeth II
Inventé, dit-on, pour la reine Mary Ire d’Écosse au XVIe siècle – et facile à faire, c’est aussi pour cette raison que nous l’avons choisi –, ce gâteau joufflu était, tous les jours ou presque, servi à Elizabeth II et à ses invité(e)s à l’heure du thé. La reine ne partait jamais en voyage sans en emporter…
Ingrédients : 180 g de beurre ramolli, 180 g de sucre roux, 3 gros œufs, le zeste d’une orange, 5 cuillères à soupe de marmelade d’oranges, 20-25 amandes mondées entières, 225 g de farine, une cuillère à café de levure chimique, 175 g de raisins secs de Corinthe, 175 g de raisins secs sultanines.
Préchauffer le four à 150 degrés.
Dans un bol, mélanger le beurre et le sucre. Ajouter les œufs battus avec une à deux cuillères à café de farine et mélanger le tout au batteur ou au fouet. Ajouter le reste de farine et la levure, et mélanger à nouveau. Verser ensuite les raisins et la marmelade d’oranges.
Zester l’orange sur la préparation. Mélanger une dernière fois très délicatement. Graisser un moule d’un diamètre de 15 à 18 cm, verser la pâte, lisser avec une spatule puis déposer les amandes émondées en veillant à ne pas les enfoncer. Faire cuire pendant 1h30 à 2 heures. Vérifier la cuisson avec la pointe d’un couteau – celle-ci doit ressortir sèche. Laisser ensuite refroidir pendant une dizaine de minutes avant de démouler.
Vos questions
Ce mois-ci, nous répondons à Paule, à Agnès et à Eva, qui habitent respectivement à Nice, à Courbevoie et à Tarbes, dans les Hautes-Pyrénées. Paule et Agnès souhaitent en savoir un peu plus sur les traditions de Noël dans les cours scandinaves. Eva, elle, nous demande de consacrer un numéro de marguerite à la cour impériale du Japon, sujet qui la passionne (et c’est une TRÈS bonne idée). En attendant, Eva, voici comment les empereurs passent les fêtes… de début d’année.
🇯🇵 Naruhito et Masako du Japon ne célèbrent pas Noël, mais le Nouvel An. Le 1er janvier à 5 heures 30 du matin, l’empereur, en grande tenue de cour, se rend dans un bâtiment du jardin de Sinka-den, situé dans l’enceinte du palais à Tokyo. Là, il s’incline en direction des principaux sanctuaires shinto du Japon, notamment celui d’Ise, et offre ses prières aux divinités qui leur sont associées. Au cours de la journée, le couple impérial reçoit ensuite les vœux des membres de sa famille, du gouvernement et du corps diplomatique. Le lendemain, le palais ouvre ses portes pour permettre aux Japonais de venir acclamer l’empereur et ses proches. Ceux-ci viennent en retour les saluer à plusieurs reprises, depuis une grande véranda.
🇸🇪 Après avoir décoré leur sapin, les Suédois se réunissent une première fois le 23 décembre pour Uppersittarkväll (« le petit réveillon »). Au palais de Stockholm, c’est aussi l’occasion de fêter l’anniversaire de la reine Silvia – qui aura 80 ans cette année. Et de déguster un Weihnachtsstollen, un gâteau de fêtes venu d’Allemagne (pays de naissance de l’épouse du roi Carl XVI Gustaf) à base de fruits secs et confits relevés d’épices.
🇩🇰 Des lutins dans les palais de la famille royale de Danemark. Appelée Elf on the Shelf (« l’elfe sur l’étagère »), cette tradition très populaire en Australie, pays dont est originaire la princesse Mary, l’épouse du prince héritier Frederik, a été adoptée par la reine Margrethe II. Au palais d’Amalienborg, la souveraine se charge en personne de la fabrication des figurines, qui sont ensuite, entre le 1er et le 24 décembre, installées chaque jour dans un endroit différent de sa résidence. Les petits personnages ont été mis en scène dans une série de photos publiées sur le site internet de la maison royale.
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Quelques idées cadeaux à emporter…
🏰 VIP. Réveillonnez comme le comte et la comtesse de Grantham avec le livre des recettes de Noël de la série Downton Abbey.
🍽️ Culte. La Royal Copenhagen (l’ancienne Manufacture royale danoise de porcelaine) propose des répliques du service de table Flora Danica, toutes peintes à la main. Tarifs sur demande.
📚 Passionnant. Nous aimons la biographie de Jeanne du Barry par Emmanuel de Waresquiel (éd. Tallandier). Et Versailles 1939-1945 : un château dans l’objectif, par Claire Bonnotte Khelil (coédition Château de Versailles - In Fine éditions d’art).
🧣Nostalgique. On craque aussi pour le foulard en soie Reine Élisabeth de la marque Soi Paris.
🍪 Chic. Et à portée de toutes les bourses : un petit accessoire de cuisine pour marquer vos sablés préférés au chiffre de la reine Elizabeth II.
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